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Qu’est-ce que le bitcoin ?
Ces dernières semaines, le bitcoin a souvent fait partie de l’actualité. Notamment à cause de la très forte hausse de son cours sur les échanges. Cependant, si un certain nombre sont conquis, beaucoup restent sceptiques. Les enthousiastes parlent de la 3e plus grosse révolution après l’électricité et internet. Si c’est vrai, il peut être intéressant de se pencher dessus car ces deux technologies ont clairement changé la face du monde, de l’économie et des entreprises.
Toutefois, il faut garder en tête que si l’enthousiasme des investisseurs des années 90 était justifié pour internet, cela a créé une bulle spéculative. Celle-ci a eu tendance à surévaluer la valeur réelle des entreprises qui se créaient. Entraînant par là même un crack boursier en mars 2000.
Alors concrètement, le bitcoin c’est quoi, et quelles répercussions cela peut-il avoir sur l’économie de demain ?
Monnaie numérique ou procédé mathématique ?
On présente souvent le bitcoin comme une monnaie virtuelle, une valeur de réserve ou l’or digital. Toutes ces définitions sont vraies mais limiteraient le bitcoin à une virtualisation de valeur qui existe déjà, ce qui n’apporterait pas de réelle valeur ajoutée.
De plus lorsqu’on parle de « monnaie numérique« , cela présuppose que les monnaies traditionnelles comme l’euro ou le dollar sont principalement physiques. Cela est faux, aujourd’hui 90% de l’argent en euro ou en dollar sont uniquement numériques et seuls 10% de cette masse existent en billets et pièces.
Pour comprendre la valeur du bitcoin, il faut remonter un peu dans le temps.
En 2008, la crise des subprime a touché d’abord les Etats-unis, puis le reste du monde. Les banques et le monde de la finance ont été désignés comme grands coupables de cette crise qui mis la planète dans une grande instabilité pendant plusieurs années. Cela n’a fait qu’accentuer un sentiment de méfiance vis à vis des systèmes bancaires et des pouvoirs politiques.
Depuis la fin des années 90, un groupe d’informaticiens essayaient d’imaginer un monde utopique dans lequel on pourrait se passer du « tiers de confiance« . Le « tiers de confiance » c’est la personne, ou le système qui garantie les transactions entre les personnes. Dans le cadre de l’argent il s’agit de la banque, dans le cadre d’une monnaie, on vise plutôt les banques centrales et dans le cadre de la transmission de patrimoine, les notaires.
Leurs rôles est de certifier l’intégrité des transactions et le système repose sur une centralisation de cette validation.
Le soucis, c’est que cette centralisation coûte de l’argent à tous ceux qui bénéficient du système. De plus, des évènements comme la crise financière de 2008 viennent fragiliser la confiance que les gens pouvaient porter à ce-dernier. L’opacité de ces organismes n’aide pas la confiance.
Par exemple, personne ne sait réellement combien la réserve fédérale américaine imprime de billets, cependant elle rembourse ses dettes aux pays à qui elle emprunte en dollar. Donc avec des billets sur lesquels elle a la liberté comme elle l’entend.
En octobre 2008, un individu connu seulement sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto publie un procédé décrivant le bitcoin.
Il s’agit d’un procédé informatique et mathématique complexe, principalement basé sur la cryptographie. Il permet de s’affranchir totalement du « tiers de confiance« . On n’a alors ni banque centrale, ni système central. La totalité du réseau est géré par les utilisateurs et les procédés de validation sont effectués par les membres eux même. Le tout reposant sur la fiabilité mathématique du système : la blockchain.
La blockchain
S’il y a un point à comprendre sur cette révolution, c’est celui-ci. La blockchain est un fichier informatique qui liste l’intégralité des transactions qui se font sur le réseau. Ce fichier n’est pas stocké sur un serveur central mais disponible pour l’intégralité des membres du réseau.
Tout le monde peut potentiellement posséder une copie de la base de données, la lire, s’assurer de l’intégrité des données et y écrire des nouvelles transactions. Il existe donc des millions de copies de ce livre de comptes partagé.
Ce système de pair à pair rend impossible l’arrêt du bitcoin. À moins de couper internet dans le monde entier. De plus, vu qu’il ne dépend d’aucun organisme, sa valeur dépend uniquement de la confiance que les utilisateurs lui portent et donc de l’offre et de la demande. S’il n’est pas totalement vrai que les informations de la blockchain bitcoin sont parfaitement anonymes, elles sont cependant pseudonymes. En effet, aucune information personnelle n’apparaît dans la blockchain.
A chaque fois qu’un utilisateur souhaite envoyer de l’argent à une autre personne, il va inscrire sa transaction dans le fichier.
Par exemple : « moi Bob j’envoie 1 bitcoin à Alice« , puis tous les autres « noeuds » du réseau vont récupérer cette version du fichier pour se mettre à jour. Ainsi en quelques centièmes de secondes, l’intégralité des copies de cette base de données va être mise à jour partout dans le monde.
Un système sûr
Le rôle du « tiers de confiance » est, au delà de la centralisation, de certifier que la demande a bien été initiée par la personne en question. La blockchain va utiliser un procédé cryptographique appelé la signature électronique pour certifier ces transactions. Cette formule mathématique est aujourd’hui inviolable. Elle repose sur un système de 2 clés : une clé publique et une clé privée. Tout ce qui est encrypté avec l’une ne peut être décrypté qu’avec l’autre.
Seul l’utilisateur possède sa clé privée. En revanche la clé publique est connue de tous. Il s’agit en effet de son adresse bitcoin (son RIB en quelque sorte).
Lorsqu’une personne va ajouter une transaction, il va plutôt inscrire quelque chose de la forme « moi adresse xxxxx envoie 1 bitcoin à adresse yyyyy. Pour vous prouver que c’est bien moi, je vais encrypter cette même phrase en utilisant la clé privée associée à xxxxx ».
Les autres membres du réseau vont alors pouvoir décrypter la signature en utilisant la clé publique (xxxxx). Ensuite, si la signature est valide, on vérifie dans l’historique des transactions présentes sur la blockchain si le montant nécessaire à cette transaction est provisionné. Quand c’est le cas, celle-ci est considérée comme valide et est inscrite pour toujours dans la blockchain.
Bien veiller sur ses clés
La nuance qu’il faut mettre à la sécurité pour l’instant sans faille, proposée par le système, c’est qu’il en est de la responsabilité des utilisateurs de stocker et de sécuriser leurs clés privées.
En effet, contrairement à ce que beaucoup croient, on ne stocke pas des bitcoins sur son ordinateur ou sur son téléphone. Seulement les clés privées associées aux adresses publiques dont on peut lire le solde dans la blockchain.
N’importe ayant accès à ces clés pourrait voler les bitcoins associés. Les transactions étant pseudonymes, il est très dur de retrouver le voleur. Ça a notamment été le cas de la plateforme d’échange MT Gox qui conservait les clés privées de ses utilisateurs sur leurs serveurs et qui s’est faite piratée.
Il arrive aussi fréquemment que beaucoup de personnes perdent de l’argent car ils perdent leurs clés privées. L’histoire la plus célèbre et celle d’un britannique qui possédaient 7500 bitcoin. Ils ne valaient alors presque rien. Le jour où ils s’est rendu compte que le bitcoin prenait de la valeur, son ordinateur était déjà depuis bien longtemps à la décharge. Aujourd’hui encore, un disque dur se retrouve sous une montagne de débris dans une décharge de la taille d’un terrain de football. La valeur des bitcoins associés à ses clés est à ce jour d’environ 26 millions d’euros.
C’est ainsi que le procédé est fait : sans ces clés, il est impossible de récupérer l’argent associé. Afin de pallier à ces soucis, de nombreux systèmes (logiciels ou matériels) voient le jour. Ils permettent de sécuriser et de stocker ses clés sans prendre le risque de les perdre ou de se les faire voler.
En quoi cela concerne l’économie ?
Au delà du bitcoin qui est une révolution monétaire en soit, c’est le procédé de la blockchain qui est une invention sans précédent. Il peut être décliné sous beaucoup de formes. Peugeot travaille, par exemple, à l’élaboration d’une blockchain qui ferait office de « carnet d’entretien » pour ses voitures.
Certains ont imaginé des blockchains permettant de gérer des titres de propriété notamment en Afrique ou l’accès aux notaires n’est pas évident pour tout le monde. Une blockchain pourrait également servir pour simplifier et authentifier les votes lors d’une élection. Dernier exemple, la possibilité d’avoir une blockchain servant de dossier médical pour décentraliser les suivi des patients.
Aujourd’hui, les pouvoirs politiques sont mitigés. D’un côté, ils reconnaissent l’innovation et le potentiel derrière cette nouvelle technologie. Certains encouragent même le développement de ces nouvelles start-up.
De l’autre, ils sont dérangés par la décentralisation qui viserait à donner moins de pouvoir aux systèmes centralisés (politique, banques…). Et donc plus de pouvoir aux utilisateurs et au peuple. L’interdire serait ainsi une dictature mais le laisser se développer aurait un impact considérable sur l’économie et la politique de demain.
De plus, chaque crise politique ou économique accélère le développement de ce phénomène. Par exemple, à chaque nouvelle menace nucléaire de la Corée du Nord, le cours du bitcoin monte de 5 à 10% en quelques heures.
L’instabilité économique et politique du monde d’aujourd’hui produit un terreau très favorable à une transformation et une décentralisation des pouvoirs rendues possible par la technologie. Si les réseaux sociaux ont permis en quelques années la décentralisation de l’information et des médias (diminuant ainsi fortement leur influence), la blockchain devrait permettre, dans les années à venir, la décentralisation du pouvoir et de la confiance.
Il peut donc être intéressant en tant qu’entrepreneur et acteur dans la sphère économique, de rester au parfum de ces évolutions qui devraient, comme ça a été le cas pour internet, radicalement transformer l’économie de demain.
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